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Interview de Jacques Guérin
« Avoir mis tout le monde autour de la table est le principal succès », Jacques Guérin, président du Conseil national de l'ordre des vétérinaires
Un rapport intitulé « Le maillage vétérinaire au service de l'élevage et de la santé » a été remis en mars à Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture. Il alerte sur la désertification des zones rurales par les vétérinaires. L'étude est la synthèse de l'appel à manifestation d'intérêt, AMI, lancé par plusieurs organisations agricoles et vétérinaires* début 2022. Trois questions à Jacques Guérin. président du Conseil national de l'ordre des vétérinaires, et auteur du rapport.
Pourquoi avoir fait ce rapport ?
Jacques Guérin : Il y a un sentiment d'un déficit de vétérinaires dans les territoires. Tout le monde prend de plus en plus conscience du déséquilibre de l’offre de soins pour les animaux de fermes. La corde est trop tendue. Il y a urgence à se pencher sur l'adéquation entre les populations animales dans les territoires et l'accès au soin. Les élus doivent prendre conscience que le problème est face à nous et qu'il est majeur. Nous avons donc décidé de nous pencher sur onze sites pilotes afin qu'ils définissent leurs besoins et réfléchissent aux solutions, à travers un appel à manifestation d'intérêt, AMI. Certains sont déjà en situation de crise ouverte comme par exemple le département de la Dordogne, de l’Aude ou le sud de l’Ardèche.
Que retenez-vous de ce travail ?
J.G. : L'AMI a permis de mettre tout le monde autour de la table et c'est clairement le principal succès ! Nous devons d'abord partager le diagnostic avant de mettre en place des solutions, qui seront, dès lors, adaptées. C'est la première phase de cette dynamique mais à laquelle nous devons veiller afin qu'elle persiste dans le temps. Un des points également important est que ce rapport met en évidence l'importance de l'attractivité du territoire et ce qui existe sur telle ou telle zone, sur la manière dont les nouveaux arrivants s'y installent. Un jeune ne doit pas se débrouiller seul dans une région qu'il ne connaît pas.
Quelle est la suite de ce travail ?
J.G. : Nous sommes actuellement dans le partage de ces travaux. Nous communiquons sur la manière dont il a été conduit et ses grandes conclusions. Plus vite nous prendrons en charge le dossier et moins il coûtera cher. Nous avons mis en place une ossature nationale avec l’appui du réseau départemental des chambres d'agriculture, pour supporter une stratégie de long terme. Un centre de ressources national est ainsi créé pour apporter une réponse méthodologie et un soutien aux recherches de financements. Il devra s'articuler avec les cellules opérationnelles territoriales, avec l'appui de la Chambre d'agriculture en charge d'animer les dynamiques départementales.
*Chambre d’agriculture France, le syndicat majoritaire agricole FNSEA, GDS France, le SNVEL, la SNGTV et le Conseil national de l’ordre des vétérinaires
L'équipe Vetwise tient à remercier Jacques Guérin pour le temps accordé à cet entretien.