Les zones rurales souffrent d’un manque de vétérinaires. Le Gouvernement a décidé d’augmenter le nombre d’étudiants. Ainsi, il y a un an, l’école d’ingénieurs UniLaSalle obtenait l’autorisation d’ouvrir son école vétérinaire en septembre 2022 sur son campus de Rouen. Cela sera-t-il suffisant pour endiguer la désertification vétérinaire ? Réponse avec Philippe Choquet, directeur d’UniLaSalle.
Philippe Choquet : Ce manque est global en France. Sur 1 100 vétérinaires qui s’inscrivent à l’ordre des vétérinaires chaque année, 600 sont formés à l’étranger. Et sur ces derniers, 400 sont des élèves français. Le système de formation des vétérinaires en France a clairement des lacunes. Les zones rurales sont les plus touchées par le manque des vétérinaires spécialistes des animaux d’élevage, les abattoirs n’arrivent plus à recruter des personnes chargées de garantir la sécurité sanitaire, etc. La situation ne fait que s’aggraver d’année en année et devient alarmante. Cela vient notamment du système de recrutement post-classe préparatoire, très discriminant, notamment pour les élèves issus du monde rural. L’augmentation du taux de féminisation dans ces écoles est par ailleurs un facteur qui n’a pas été suffisamment pris en compte et qui peut avoir un impact sur la désertification des diplômés en zone rurale. Le Gouvernement a donc décidé d’augmenter les promotions des quatre écoles vétérinaires existantes de manière significative, et d’ouvrir à UniLaSalle une section vétérinaire post-bac en septembre 2022, sans passer par une prépa. Nous devenons donc la cinquième école vétérinaire.
P.C. : Notre première promotion compte 100 élèves. Mais nous serons, à compter de 2023, sur des promotions de 120, un peu moins que les quatre écoles historiques qui accueilleront désormais 180 étudiants chacune. Ce seront 840 vétérinaires par an, formés en France, qui arriveront sur le marché du travail chaque année, à horizon 2030, soit 75 % de plus qu’en 2017. Toutefois, nous n’atteignons pas les 1 100 étudiants. Il manquera encore des vétérinaires en France.
P.C. : Nous ne pouvons pas imposer aux jeunes diplômés de travailler en zone rurale puisque leur formation est, par la réglementation, généraliste. Toutefois, notre rôle est de sensibiliser les étudiants. Nous les exposons précocement à l’élevage, à l’activité dans les zones rurales. Nous avons instauré des stages obligatoires en exploitations agricoles ou dans des filières de production animale. Par ailleurs, comme nous recrutons sur dossier, concours et entretien, les jeunes issus de zones rurales peuvent faire valoir leur motivation et appétence pour le monde rural.
L'équipe Vetwise tient à remercier Philippe Choquet pour le temps accordé à cet entretien.